Suivre une étoile
Il fait nuit noire à l’heure d’écrire cette chronique pour le mois de janvier. Il fait nuit car c’est l’hiver, mais c’est surtout l’hiver dans notre monde et notre Église. Où accrocher notre espérance si le sol ferme où nous croyons marcher tremble à son tour et se fissure ? À écouter la voix de celles et ceux qui m’entourent, il me semble que nous prenons douloureusement conscience, chacun selon son propre tempo, du caractère systémique de la faillite ecclésiale, systémique en ce sens que tous nous sommes entraînés dans cet effondrement, qu’on le veuille ou non. Le déni n’est plus possible, il ne nous reste que sidération, colère, tristesse, amertume et déception. Et c’est sans doute là qu’il faut nous attarder, dans la nuit. Ne pas trop vite vouloir en sortir, mais endurer la nuit, tenter de l’endurer ensemble.
Où qu’on tourne son regard, le spectacle n’est que sang, larmes, haine et violence. Il y a de quoi désespérer. Seul le cri des persécutés peut ouvrir un chemin vers la concorde. Nous assistons à un effondrement. L’ordre international se défait sous nos yeux. Ce qui faisait jusqu’à présent office de solution ou d’instruments de conciliation ne fonctionne plus : l’ONU, les accords de Minsk sur l’Ukraine, les accords d’Oslo sur la Terre Sainte... Bien plus, c’est l’espérance qui est touchée. Qui croit encore à une paix possible ? Chaque peuple sur la terre, chaque individu dans nos sociétés semble pris dans la fascination d’être soi-même aux dépens des autres. Qui se demande encore, le matin en se levant : quel pont vais-je construire ? à quelle œuvre commune vais-je m’atteler ?
Frère Xavier Loppinet^4
Dominicain
Couvent de Nancy
Texte biblique
Le martyre d’Étienne (Actes 7, 54-60)
Ceux qui écoutaient le discours d’Étienne avaient le cœur exaspéré et grinçaient des dents contre lui. Mais lui, rempli de l’Esprit saint, fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Alors ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis, se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort.
Texte biblique
Gloire à Dieu au plus haut des cieux (Luc 2, 8-20)
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime. » Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Méditation
Gloria in excelsis Deo !
Voici la nuit
Voici la nuit, l’immense nuit des origines, et rien n’existe hormis l’Amour, hormis l’Amour qui se dessine : en séparant le sable et l’eau, Dieu préparait comme un berceau la Terre où il viendrait au jour.
Voici la nuit, l’heureuse nuit de Palestine, et rien n’existe hormis l’Enfant, hormis l’Enfant de vie divine: en prenant chair de notre chair, Dieu transformait tous nos déserts en Terre d’immortels printemps.
Voici la nuit, l’étrange nuit sur la colline, et rien n’existe hormis le Corps, hormis le Corps criblé d’épines: en devenant un crucifié, Dieu fécondait comme un verger la Terre où le plantait la mort.
Voici la nuit, la sainte nuit qui s’illumine, et rien n’existe hormis Jésus, hormis Jésus où tout culmine : en s’arrachant à nos tombeaux, Dieu conduisait au jour nouveau la Terre où il était vaincu.
Voici le nuit, la longue nuit où l’on chemine, et rien n’existe hormis ce lieu, hormis ce lieu d’espoirs en ruines : en s’arrêtant dans nos maisons, Dieu préparait comme un Buisson la Terre où tomberait le Feu!
Hymnes du temps de l’Avent, de Noel et de l‘Épiphanie