Devant les bâtiments des Nations Unies, à New York, une célèbre statue représente un homme en train de forger un soc à partir d’une épée, illustrant aux yeux du monde la prophétie d’Isaïe proclamée en ce premier dimanche de l’Avent : De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Quel oracle serait plus ajusté que celui-ci pour évoquer le royaume de paix que le Seigneur veut instaurer pour tous ? Si symbolique que soit cette statue, elle reste aussi un constant rappel : malgré nos bonnes intentions et nos efforts, nous ne parvenons pas, par nous-mêmes, à vivre en paix. Mais, le temps de l’Avent nous précipite paradoxalement à la fin des temps, dans les derniers jours, quand la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts et que la loi sortira de Sion et de Jérusalem, la parole du Seigneur.
Un roi étonnant
En cette fête du Christ Roi de l’univers, la liturgie déconcerte nos imaginations humaines pour nous faire entrer dans l’imagination divine. Nous aimons à nous représenter les rois avec de belles figures, drapés dans de magnifiques vêtements, une couronne d’or sur la tête, et siégeant sur un trône en majesté. Le Christ se révèle un bien curieux roi : défiguré par les outrages et les crachats, dénudé jusqu’à la chair, couronné d’épines et trônant sur le dur bois de la croix. Tout semble dessus dessous.
Où est donc ton église ?
« Comment, en un plomb vil, l'or pur s'est-il changé ? » Ce verset des Lamentations, magnifiquement tourné par Jean Racine dans une scène d'Athalie, hante désormais nos lèvres, offrant des mots bien assortis à l'expression de notre perplexité, de notre déception, de notre tristesse. Qui de nous, en effet, n'a encore dans les yeux les images grandioses du sénat cosmopolite de têtes mitrées qui, réuni autour de Paul VI, proposait au « monde de ce temps » (déjà révolu), comme un signe d'espérance et de joie, le mystère de l'Église, lumière des nations ?
Dimanche 14 novembre, nous célébrons la 5e édition de la Journée mondiale des pauvres. Voulue par le pape François, elle a été fixée à l’avant-dernier dimanche de l’année liturgique qui se termine avec la fête du Christ-Roi.
Ce rapprochement n’est pas fortuit. Il manifeste
La grande fête de tous les saints célèbre l’immense foule de tous ceux qui, sans avoir été cités en exemple par l’Église, ont mené une vie selon l’évangile. Entrés dans le "royaume des cieux", non pas par leurs mérites, mais par simple grâce, ils vivent dans un présent éternel, contemplant la beauté de l’amour divin. Comment en dire plus ? Bien sûr, Jésus parle souvent de ce "Royaume" et le promet même "dès aujourd'hui" au bon larron.