Youna Rivallain
Publié le 21 avril 2025 à 10h22
LA CROIX
Le pape François qui avait été hospitalisé pour une bronchite du 14 février au 23 mars 2025 est mort lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans.
Le pape François qui avait été hospitalisé pour une bronchite du 14 février au 23 mars 2025 est mort lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans. ETTORE FERRARI / EPA/MAXPPP
Le pape François est mort ce lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans. Il avait été hospitalisé du 14 février au 23 mars à la suite d’une bronchite. Les prochains jours seront rythmés par les différents rites et étapes suivant la mort d’un pape, encadrés par la constitution Universi Dominici gregis.
Sede vacante, « le siège est vacant ». À la minute où le pape est mort, ce lundi 21 avril 2025 à 7 h 35, l’Église catholique est entrée dans une période de vacance du Siège apostolique, c’est-à-dire cette période où il n’y a plus de pape en fonction. Un temps de deuil mais aussi de préparation de l’après, et notamment du conclave qui élira le prochain successeur de l’apôtre Pierre. Cette période de transition au Vatican n’en reste pas moins extrêmement codifiée.
En cas de décès d’un pape, c’est à un cardinal, appelé camerlingue (aujourd’hui le cardinal Kevin Farrell), de constater la mort. Pour ce faire, le prélat doit appeler le pape par son nom de baptême à trois reprises. Si celui-ci ne répond pas, le pape est alors considéré comme mort. Le certificat de décès est alors rédigé, et le camerlingue scelle les appartements papaux – un geste symbolique, mais qui, historiquement, a également vocation à empêcher les cardinaux d’y entrer. Il était en effet courant dans le passé que des cardinaux viennent se servir parmi les effets personnels du pape.
Une succession d’événements très codifiés
Lorsque la mort du pape est officielle, le camerlingue coupe avec des ciseaux « l’anneau du pêcheur », c’est-à-dire le sceau reçu par le pape lors de l’inauguration solennelle du pontificat, et avec lequel il signe tous ses documents. Ce geste symbolise alors la fin du règne de l’évêque de Rome.
Le camerlingue, qui a la responsabilité de la dépouille mortuaire ainsi que de l’administration des biens du Saint-Siège, avertit de la mort du pape le doyen du Collège cardinalice – aujourd’hui le cardinal Giovanni Battista Re, âgé de 91 ans, et reconduit dans sa fonction début février 2025. Celui-ci, figure expérimentée de la Curie romaine, se chargera à son tour de prévenir les autres cardinaux, le corps diplomatique près le Saint-Siège et les chefs d’État. Quant aux fidèles, il est prévu qu’ils l’apprennent de la bouche du cardinal vicaire pour le diocèse de Rome, actuellement le cardinal Baldassare Reina.
Les neuf jours suivant la mort du pape
Dès que commence la période de vacance du Siège apostolique, le doyen du Collège cardinalice convoque les cardinaux du monde entier. Ceux-ci sont priés de se rendre au plus vite à Rome, où ils doivent se réunir quotidiennement en congrégations générales présidées par le doyen. C’est en effet au Collège cardinalice qu’il revient de prendre un nombre de décisions importantes pendant cette période de transition. Une des premières missions du Collège est notamment de définir les modalités de déroulement des novemdiales, c’est-à-dire des neuf jours suivant le décès du pape.
Car à partir de l’instant où celui-ci décède, la constitution Universi Dominici gregis de 1996 établit qu’un certain nombre d’étapes doivent s’enchaîner dans un laps de temps très court : l’exposition du corps du pape, la procession jusqu’à la basilique vaticane pour l’exposition aux fidèles, la mise en bière ou encore les funérailles. « Sauf raison spéciale », l’inhumation du défunt pape devra avoir lieu « entre le quatrième et le sixième jour après la mort » et devra se faire dans la basilique Saint-Pierre, précise la constitution. Les modalités des obsèques sont choisies par le pape lui-même qui, avant de mourir, laisse ses instructions au camerlingue, chargé d’organiser les funérailles papales.
Fait inhabituel, François avait ainsi demandé à être inhumé non pas à Saint-Pierre mais dans une autre basilique majeure de Rome, Sainte-Marie-Majeure, la plus ancienne église romaine consacrée à la Vierge Marie, où il avait coutume d’aller confier à celle-ci chacun de ses voyages pontificaux. Si seulement 149 des 265 papes ont été inhumés dans la basilique Saint-Pierre-de-Rome, il n’en demeure pas moins qu’aucun n’avait son tombeau à Sainte-Marie-Majeure depuis Clément IX au XVIIe siècle.
Préparation du conclave
Tout en suivant les instructions de Universi Dominici gregis qui régit cette courte période de Sede vacante, les cardinaux réunis en congrégations générales fixent les détails pratiques de l’organisation du conclave, notamment la date de celui-ci, qui doit avoir lieu entre quinze et vingt jours après le début de la vacance du Siège apostolique.
Au-delà des préparatifs logistiques, ces réunions tenues à huis clos doivent aussi permettre aux cardinaux de se préparer à leur futur choix lors du conclave. Il est ainsi prévu par Universi Dominici gregis qu’ils écoutent « deux ecclésiastiques exemplaires pour leur doctrine, leur sagesse et leur autorité morale », venus leur délivrer « deux méditations approfondies sur les problèmes de l’Église à ce moment-là et sur le choix éclairé du nouveau pontife ».
Durant ces congrégations, réunissant les cardinaux électeurs (de moins de 80 ans) ou non, ces derniers sont invités à prendre la parole devant leurs pairs pour donner des avis sur ce que devraient être le prochain pontificat et ses missions. Ces réunions cardinalices sont également l’occasion pour eux de se rencontrer de manière informelle et donc de mieux se connaître les uns et les autres… une étape indispensable, puisque c’est parmi eux qu’ils devront choisir le futur pape et que beaucoup des récents cardinaux créés par François l’ont été dans des lieux parfois inattendus, conformément à son souhait d’une Église aux périphéries.
C’est à l’issue de ces discussions et ces rencontres préparatoires que se réunira le conclave, dans la chapelle Sixtine, dans le huis clos le plus total – conclave, cum-clave, signifiant littéralement sous clé. Le conclave qui élira le successeur de François sera présidé par le cardinal italien Pietro Parolin, jusqu’alors Secrétaire d’Etat du Saint-Siège. C’est en effet lui qui est le doyen des « cardinaux évêques », l’une des trois catégories dans lesquels sont répartis les électeurs du pape.
L’élection du pape, à proprement parler, répond à des règles très codifiées. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent entrer dans la fameuse chapelle. Là ils prêtent serment de suivre les dispositions de la constitution Universi Dominici gregis, de respecter le résultat du vote et de garder le secret sur le déroulé de l’élection.
Deux scrutins par demi-journée sont organisés jusqu’à ce qu’un candidat obtienne deux-tiers des voix. Le cardinal doyen s’avance alors vers lui et lui demande s’il accepte d’être élu et de quel nom il veut être appelé. Puis, les cardinaux s’avancent un par an devant le nouveau pape pour lui promettre obéissance. Pendant qu’il revêt la soutane blanche papale dans la « chapelle des larmes » attenante à la Sixtine, le cardinal proto-diacre – aujourd’hui le cardinal français Dominique Mamberti – annonce au monde entier, à la loggia de la basilique Saint-Pierre, le nom du nouveau pape : « Habemus papam… » Le 13 mars 2013, la fumée blanche était sortie de la cheminée de la chapelle Sixtine au terme de la deuxième journée de conclave : le pape François avait été élu après seulement cinq tours de scrutin.